Une fois les canons prêts, Renart s'autorisa un petit rafraîchissement coco-pastis-tequila-menthe de sa composition... absolument imbuvable.
Puis il lut son courrier, il avait reçu une longue lettre:
"Messire Renart,
Je ne doute pas que cette lettre risque de ce perdre, ou trouver sa place après vos productions naturelles pour vous essuyer. Et encore je ne doute pas que cela serait a vos yeux trop d’honneur a m’accorder.
Je n’ai personnellement rien contre vous ni vos hommes. Je garde un souvenir d’autant plus agréable de mon séjour parmi vous que je peux me vanter d’être débarrassé d’un époux et d’une lettre gênante grâce à vous. Pour cela je suis votre débitrice.
Mais j’ai dans l’idée que de vous inviter à dîner ne vous procurerait aucune satisfaction, aussi vais je vous faire un autre plaisir en vous offrant le divertissement que vous attendiez.
Sachez que malgré toute l’amitié et l’estime que je vous porte, je vous parle en ce jour en tant que reine, et puisque l’inévitable ne peut être éviter, je me ferais un devoir, que dis je, un plaisir d’être votre adversaire dans cette partie d’échec que vous semblez vouloir a tout pris disputer.
Il serait bien triste et peut agréable de ma part que je vous laisse vous ennuyer tout seul.
Bien que je sois convaincue que n’aurez pas cette délicatesse avec les miens, je vous rassure sur l’état de Messire Demether, il est juste inconscient et se porte bien.
J’ai pris sur moi de vous laisser votre petit toutou revenir en gémissant mais sauf vers vous, à moins que l’envie de mes archers de lui transmettre mes bons sentiments par flèches ne se fasse sentir.
Nous tenons a respecter les us et coutumes de nos invités. S’ils nous envoient un perroquet, la politesse veut que nous leur répondions par un perroquet, s’ils nous envoient une flèche… mon éducation m’obligera a faire de même.
Votre zèle a venger votre Jim m’a beaucoup touchée, presque autant que le sien a toujours vouloir vous défendre, un vrai petit couple dites moi.
JÂ’oubliais, jÂ’avais peur quÂ’elle se sente seule en route, vous ne mÂ’en voudrez pas si un ou deux squelettes se joignent a elle pour lui tenir compagnie ?
A très bientôt messire, cela sera un plaisir de vous revoir, j’aimerais bien faire une petite phrase mystique sur « l’un d’entre nous devra mourir avant nos retrouvailles » mais il se trouve que personnellement j’ai déjà donné, donc je m’en voudrais de vous privé de votre tour de goûter aux enfers.
Remerciez encore messire Juune pour moi.
Favole Stark "
Favole...?
Renart se gratta la tête.
La dernière fois qu'il avait vu son amie, elle s'était volatilisée devant ses yeux.
Et à présent qu'il recevait de ses nouvelles, la voilà qui parlait de vies humaines comme on parlerait de pions aux échecs, qui menaçait Jim de mort alors qu'elle avait toujours eu pour lui de la tendresse...
De presqu'amante elle cherchait aujourd'hui à tuer Renart pour une raison qui lui était inconnue.
Etait ce la disparition de son mari, qu'elle détestait, qui la mettait dans un état pareil? Impossible.
Les agressions du Royaume du Nord à l'égard de Bastringage étaient de moins en moins justifiées... et en l'occurence, Renart répondit la seule chose qu'il avait à dire à l'inconnu qui venait de lui écrire:
"
Je ne sais pas qui tu es mais je te ferai payer ton imposture.
Au nom de celle qui fut mon amie.
Femme, enfant, qui que tu sois.
Z"
Le Capitaine alluma un cigare dont il tira une longue bouffée.
Il était soulagé de savoir Démether en bonne santé même s'il aurait aimé en savoir plus sur les raisons de sa détention, lui qui n'avait jamais fait de mal à une mouche et dont les homes arbres et squelettes aprivoisés ne savaient même pas attaquer... Il était inenvisageable que Favole soit à l'origine de tout cela.
De plus l'ironie et le mauvais humour dont était teintés sa lettre ne pouvait assurément être le fruit de cette grande dame.