Ragots de poivrots

Il est des histoires que l’on aime raconter dans les auberges.

« Vous avez déjà entendu l’histoire du bestiau du cercle mes amis ? Je vais vous la raconter car il est des choses qu’il faut savoir ! »

Celle-ci, vous l’entendrez chaque veille du lendemain de la veille.

« C’était une belle nuit pour un vampire. La lune, dans toute sa splendeur répandait une douce clarté sur le désert d’Adept. J’étais dans les temples. Je rendais grâce à la déesse resplendissante lorsqu’un bruit infernal retentit ! Tiré de ma méditation, j’ouvris les yeux. C’est alors que je vis la bête ! »

A ce moment, Hulk commandait habituellement une seconde bière et faisait mine de chercher quelques pièces dans sa tunique. Impatients, les poivrots qui n’avaient encore jamais entendu son histoire lui offraient souvent cette première chopine. Le vampire buvait alors un grand coup avant de planter son regard dans celui de la bonne âme qui lui avait permis d’épancher sa soif.

« C’était une bête immonde ! Enorme, sa taille dépassait la mienne d’au moins 50 choppes ! Son odeur pestilentielle avait envahit le sanctuaire dédié à Hécate. Et quelle odeur mes amis ! Imaginez une vieille bassine. Remplissez la de bière, de vin rouge et de pain. Chaque soir, verser les restes de votre repas dans ce récipient. Vous le laisserez alors une semaine dans votre jardin. S’il pleut, le résultat serra plus proche encore de la réalité. Toujours est-il que deux semaines plus tard, une odeur épouvantable s’échappera de votre bassine. Vous aurez alors une délicieux aperçut du désagréable fumet qui envahit alors les temples Turimbars-Imilis. Mais un soldat d’Hécate ne craint rien ni personne. Alors une odeur…
Votre serviteur dû pourtant faire preuve de beaucoup de sang froid pour ne pas s’enfuir lorsque la bête chargea ! L’idiote avait de petits yeux cruels et d’énormes piques blanches situées à coté d’un énorme organe copulateur à rendre un âne jaloux !
Il lança son truc vers moi, mais habile comme un âne, je me jetai de coté, évitant, de justesse, ses élans amoureux. La bête me poursuivait en lançant des cris presque humains. Haaaaa, haaaaa, ôskoouuurrr. Qu’était-ce donc comme monstre ?
Le duel battait son plein lorsque soudain, une douleur lancinante me traversa. Embroché, j’étais embroché par un monstre pestilentiel ! »


Comme à son habitude, Hulk détachait alors la boucle de sa ceinture pour montrer à tous la cicatrice que lui avait valu son affrontement avec l’éléphant. Les badauds lançaient des exclamations étonnées.


« Et oui messieurs, admirez ceci. Encore un peu et votre serviteur perdait la plus charmante partie de son anatomie ! Mais ne vous méprenez pas ! Ce monstre a regretté ce geste déplacé ! Furieux, je me retournai pour faire face à la bête. Une lueur de peur passa alors dans ses yeux et elle s’arrêta net. J’étais désarmé, je prit alors beaucoup d’élan et bondit sur son engin. Je le saisis de toute mes forces, l’enlaçant de mes bras puissants et je plantai mes canines dans l’appendice. Des larmes coulèrent des yeux de la bête. Elle se coucha par terre et se plaça sur le dos. Prit de pitié pour elle, je desserrai mon étreinte buccale. La bête s’était pissée dessus. Ca sentait l’urine et ma tunique était trempée. Sale bestiau. Pourtant, je décidai de laisser la vie sauve à cette pauvre bête. Je la regardai donc partir, non sans lui avoir botté le train pour m’avoir transpercé la cuisse.
Le combat était fini, j’avais soumis le bestiau sans verser de sang. Ma mère aurait été fière de moi !
Mais la perfidie des ennemis d’Hécate est grande ! Un éclair brilla. La déesse avait envoyé un de ses rayons sur le métal d’une épée. Des hommes avaient envahit les temples pendant que je dressais leur bestiau. Il n’avait pas l’air d’avoir apprécié que je le dompte si facilement. Ils n’étaient que deux mais je n’avait toujours pas d’armes. Ca ne traîne pas partout, voyez-vous ! Ils se jetèrent sur moi !
Vous savez, les duels c’est ma spécialité ! Je les arrêtai donc d’un cri, puissant. Halte corniauds ! Savez vous qui vous attaquez ? JE suis un dresseur de monstre ! Fuyez tant qu’il est encore temps ! Fuyez avant que je ne l’appelle et que je lui ordonne de vous transpercer de part en part de son gigantesque organe!. Ils tremblaient. Mon intervention devait avoir fait son effet puisqu’ils se mirent à courir.
Un guerrier d’Hécate n’a peur de personne ! Je me mit donc à courir derrière eux. Bientôt, nous fûmes 5 à courir. Après une demi-heure, les 4 guerriers en armes s’arrêtèrent, fatigués. Moi, toujours fringuant, rien ne vaut une formation hécatéenne, je m’apprêtai à les réduire en charpie. Voyez vous, que sont 4 guerriers armés par rapport à un monstre au phallus surdimensionné ?
Mais là, le plus âgé m’arrêta. Seigneur Hécatéen, épargnez nous, je vous en supplie ! Nous ne sommes pas de taille ! Mais notre mission est de vous ramener vivant dans les geôles de l’ordre de Feu ! Nous vous proposons une partie de strip poker. Si vous perdez, vous nous suivez sans résistance. Si l’un de nous perd, nous vous laissons tranquille !
Je ne savais jouer au poker mais j’avais entendu parler de ce jeu. Un femme faisait partie des 4 guerriers. Ils étaient en armure et j’étais à peine habillé mais qu’importe, il me fallait essayer. Ainsi, nous nous assîmes dans le cénacle et Lord Fly sortit les cartes.

Messieurs ! Je les ai presque eu. Il ne restait que son épée à Nérina lorsque je perdis ma première partie ! Et voyez vous, mon vêtement n’était composé que d’une seule pièce. J’avais donc perdu. Je les suivit donc comme je le leur avais promis. Un Hécatéen n’a qu’une parole. J’ai croupis plusieurs mois dans une prison de luxe. Mon geôlier est vite devenu un aimable compagnon de Poker. Parfois, Lord Fly nous rejoignait et nous jouions une partie. Sachez, messieurs, qu’à présent, je suis devenu maître ès Poker !

Messieurs, je vous défie ! Venez jouer, venez parier. Nous jouons en monnaie, nous jouons en armes, mais il est préférable de jouer en alcools ! »



Cette histoire, Artémis aimait l’entendre. C’était son histoire, moins bien racontée mais le poivrot en avait retenu les principaux épisodes. Avec un soupir, il se leva et se dirigea vers la table de jeu.


Traditionnellement, la soirée se prolongeait jusque tard dans la nuit. Traditionnellement, Artémis rentrait chez lui dépouillé mais ivre-mort.