Quand les yeux se ferment...



Le soleil rongeait petit a petit la peau d’une femme étendue sur le sable brûlant du désert. Elle ouvrit lentement et avec difficulté ses paupières collées par le sable et la lumière lui vrilla les yeux. Où était-elle, elle qui venait à peine d’entrer dans l’enceinte de l’empire ?
Tout simplement nul part…
Il n’y avait plus Rien…
Du tout même…
Pas la moindre aspérité artificielle dans la mer de sable qui coulait sous ses pieds meurtris.

Un pale sourire se dessina sur ses lèvres craquelées par la poussière. La passion de sa vie avait été anéantie. Ses tendres yeux s’étaient retrouvés miettes et mêlés au désert…
Ses enfants… Seules créatures qui avaient jamais compté à ses yeux, elle les avait dotées de toutes les armes qu’ils leur fallaient... Ils sauraient forger leur place sur cette terre. Sinon… c’est qu’ils ne méritaient pas d’être sortis de son propre ventre.

La luminosité lui rendait la vue totalement floue. Mais elle pu distinguer un petit tas près d’elle qui mit un point à ses pensées. Elle le palpa doucement, et ne pu s’empêcher de hoqueter en reconnaissant sous ses doigts la douce tignasse de son fils. Elle posa ses doigts sur son front… Non ! Sa gorge, son poignet, son thorax… NON !
Le corps de Kirael gisait, inerte entre ses doigts fébriles…
Une unique larme vint s’écraser, fumante sur le visage pâle de l’enfant… Seule gouttelette qui avait jamais chu de ces yeux-là.

Serrant contre elle le cadavre encore tiède, Kitiara se rallongea la ou elle s’était éveillée et refermant ses yeux verts, attendit que Chemosh vienne pour elle, sentant le sable les recouvrir peu à peu…
Chemosh, celui a qui elle avait voué son existence, en sachant qu’un jour, elle était sure d’être sienne.