Petits moments de vie quotidienne

Aegyne
Aegyne s'ennuyait. Elle poussa un soupir à fendre le coeur du plus valeureux paladin.
Ce matin elle était allée voir Vagabond, qui à sa vue s'était précipité en haut d'un arbre. Aegyne n'aimait pas grimper aux arbres, ça lui faisait des accrocs à ses vêtements, et pour elle, seuls les hommes étaient autorisés à les lui déchirer.
Malheureusement, pour accomplir cette fonction il n'y avait plus de volontaires à Dun Liath. Les deux seuls capables de le faire dans cette ligue étaient un hobbit timide et un homme qui avait un balai dans le c-... dans le fondement.
Mais elle réessayait tous les jours, par principe.


Aegyne s'allongea sur le sable chaud en prenant bien soin de ne pas froisser sa robe. Elle chassa quelques grains de ses vêtements avec application. Elle ferma les yeux, se détendit, releva la jambe gauche, posa ses mains dessus, et prit une grande inspiration :
« aaaaaaaaaaaaaaayyyyyyyyyyyyyyiiiiiii ! aïe aïe aïe aïe ! »
Un hobbit et un jeune homme accoururent, le premier un air affolé au visage, le second un air plein d'espoir.
« Qu'est-ce qui se passe ?! demanda Vagabond.
Aïe aïe ! Aaaah, j'ai mal ! Porte-moi Nadir, je souffre !
Dans tes rêves, lâcha ce dernier.
Nadir ! s'exclama Vagabond. On ne peut pas la laisser comme ça, tu vois bien qu'elle souffre !
Aaaaah, » répliqua Aegyne comme pour appuyer ses dires.
Nadir soupira en s'exécutant, et ramassa la victime en prenant soin d'être le moins en contact possible avec la peau de la jeune femme. Elle au contraire s'agrippa au cou de Nadir et blottit sa tête dans le creux du cou du jeune homme.
« Mon brave et beau héros, susurra-t-elle à Nadir.
J'espère que tu ne vas pas me baver dans l'oreille, » répondit-il en éloignant sa tête le plus possible.


Ils finirent par arriver à la maison d'Aegyne, qui fut déposée sans trop de ménagement sur une chaise.
« Bon où as-tu mal ? demanda Nadir.
Vas-y, mets tes mains sur ma jambe et je te dirais. »
Nadir approcha sa main avec timidité, comme s'il avait peur de se brûler. Aegyne apprécia avec délectation se moment
« Plus haut. »
La main se déplaça.
« Plus haut.
C'est peu courant d'avoir mal à la cheville au niveau du genou.
Oui mais je n'ai pas mal qu'à la cheville. Je crois aussi que je me suis fait mal au dos en tombant, tu ne veux pas regarder si je me suis déplacée une vertèbre ?
J'ai refusé d'aller sous les jupons, alors je refuse aussi d'aller sous le corset.
S'il n'y a que ça qui te dérange, je vais les enlever.
Nurg ! »

J ai du tempérament : ce foutu caractère qui fait dire à mon père que je suis son cheveu blanc

RE: Petits moments de vie quotidienne

Aegyne
Deux semaines plus tard.

Aegyne trônait au centre de son salon, la cheville entourée de bandages, et surveillait étroitement Vagabond et Nadir.
« Fais gaffe que la sauce n'accroche pas, Vagabond. Tu ne voudrais pas me faire de la peine n'est-ce pas ? Et toi Nadir, t'as oublié de passer le balai sous la commode là-bas. »
Les deux esclaves grommelèrent dans leur barbe et s'exécutèrent avec empressement.
Depuis quelques jours Nadir avait des doutes au sujet d'Aegyne. Il s'approcha nonchalamment de la fenêtre et s'exclama tout d'un coup :
« Oh ! Y a un beau mec qui passe dehors !
Où ça ? Où ça ? »
Aegyne se leva et se précipita vers la fenêtre.
« Je le savais ! Je le savais que c'était du théâtre* ! jubila Nadir
Oh mince j'ai grillé ma couverture, déclara Aegyne nullement gênée. C'est pas grave je trouverai bien autre chose. »
Nadir et Vagabond sortirent en rendant leur tablier.



* à cette époque le cinéma n'existait pas

J ai du tempérament : ce foutu caractère qui fait dire à mon père que je suis son cheveu blanc