Les mésaventures d’un crétin dans le désert

Aÿnis et Väinä étaient en grande conversation, tout en regardant Wildwind d un air conspirateur.

Väinä chuchota à Aÿnis : « Je parie 50 gloups que ça dépasse 70 cm », ce à quoi répondit Aÿnis : « Tenu ».

Aÿnis se rapprocha de Wildwind par derrière, et quand elle fut juste dans son dos, lui cria dans l’oreille : « Vache ! » *

Un grand sourire se dessina derrière la barbe de Väinä : « Tu as perdu ! C’est à toi d aller le chercher. »

Aÿnis soupira en regardant un petit point qui s éloignait à l’horizon.





* Note : à l’attention de tous ceux qui ne connaissent pas encore Wildwind : il a peur des vaches. Il a peur des gens. Et de plein d autres choses encore. En fait, il a peur de tout, sauf de certains nuages.

Wildwind bondit tel un kangourou sur des braises, et avant même de reprendre contact avec le sol, ses pieds moulinaient déjà dans le vide.

Sa technique face au danger était la suivante : d’abord une ruée folle en avant pour se mettre hors de danger immédiat, puis de bonnes foulées régulières pour s’en éloigner le plus possible.

Wildwind aperçut sur sa trajectoire la rivière qui entourait la ligue. Il n’allait pas s’arrêter pour si peu. Un Wildwind en fuite bénéficie des mêmes talents qu’un messie. L’eau se rida à peine sous ses pieds alors qu’il courrait sans ralentir.

Au bout d’un certain temps, Wildwind prit enfin conscience que le paysage autour de lui avait considérablement changé. Il essaya de ralentir, mais vu que sa technique de fuite se fondait sur le postulat que s’arrêter était la dernière chose à faire, il se fit un croche-patte, et le sol vint durement à sa rencontre.

Wildwind se releva et s’épousseta. C’était contre ses principes, mais il était peut être temps de commencer à réfléchir.

Il regarda autour de lui. Il n’était pas perdu. Il savait qu’il était « là ». C’était juste que partout ailleurs semblait provisoirement égaré…

Aÿnis essayait de suivre la trace de Wildwind, tâche difficile car Wildwind allait tellement vite q il ne prenait pas le temps de laisser des empreintes sur le sol.

Elle aperçut un apprenti, s approcha et lui demanda :

« Avez-vous vu passer quelqu un qui courrait ?
Un humain ?
Le terme est un peu abusif, mais en gros vous avez raison.
J ai bien vu passer quelque chose mais c était flou.
C est ça, c est lui. C est bien la description qu on fait de lui d'habitude. Vous pouvez m indiquer la direction qu il a prise ? »

Il lui indiqua la direction d un geste, et Aÿnis partie à la suite de sa peu glorieuse quête.

Depuis l'arrivée de Wildwind, il se passait des choses bien étranges aux Dunes d'Argent, surtout du côté des puits...
Au début, elle n'avait pas fait très attention à ce gamin maigrelet et peureux.
Mais elle était intriguée, car il passait beaucoup de temps au fond des puits, se promenait avec un marteau et des clous et occupait beaucoup le médecin qui passait la plupart de son temps a lui faire des bandages
Pourtant, c'était un bon sourcier et il faisait preuve de persévérance et de bonne volonté

C'est donc amusée qu'elle le vit partir droit devant lui comme un boulet de canon (elle connaissait sa phobie des vaches)
Et, bien évidemment, Aÿnis partit à sa suite....

Quand reviendraient-ils?...Seul Jhaampe le savait...

Elle se pencha quand-même pour vérifier ce qu'il pouvait bien y avoir au fond de ce puits...

« Bon, d’accord » se dit Wildwind, « j’admet que je suis peut-être perdu. Qu’est-ce qu’il faut faire, déjà, quand on est perdu ? »

Effort intense de réflexion.

« Mousse. Y’a une histoire avec de la mousse. » Wildwind jeta un regard autour de lui : « Y’a pas de lavandières. Ça doit pas être cette mousse-là. »

Re-effort intense de réflexion.

« Arbres. Oui, ça a un rapport avec les arbres. Ah, ça y est ! Faut regarder de quel côté du tronc pousse la mousse… »

Wildwind jeta un autre regard autour de lui : « bon, d’abord trouver un arbre. »

Et re-effort intense. Trois neurones grillent, quatre décident de laisser tomber, et deux partent en vacances.

« Cailloux. Y’a une autre histoire avec des cailloux. Je crois qu’il faut les mettre sur le chemin. Mais de toutes façons y’a pas de cailloux. Est-ce que ça marcherait avec du sable ? Faudrait plutôt trouver un chemin d’abord. »
Il fit un rapide examen des derniers neurones qui lui restaient. Ceux-ci lui dirent : « On est à court d’idées. Fais ce que tu veux. »

Cette dernière réflexion fut interrompue par l’arrivée d’un apprenti tout essoufflé :
« Excusez moi, je cherche une chèvre. Est-ce que vous l’auriez vue ?
EuhÂ…non. DitesÂ…je suis perdu. Est-ce quÂ’il y a un arbre dans le coin ?
Been… Je crois qu’il y en a un par là-bas. » répondit l’apprenti en se demandant si ce type n’était pas resté trop longtemps au soleil.

Wildwind se dirigea d’un pas décidé dans la direction indiquée par l’apprenti.

Il y avait bien un arbre.
Il sÂ’en rapprocha et se pencha en avant pour voir sÂ’il y avait de la mousse.
Soudain, une tête horrible apparut de derrière le tronc : elle avait de grands yeux jaunes injectés de sang, une grande barbe taillée en bouc, et, pire que tout : des cornes !

Wildwind décida de ne pas rester pour connaître les habitudes alimentaires du monstre.

Wooouuufff !

Aÿnis vit quelque chose de flou foncer sur elle. Comme à son habitude elle tendit négligemment la jambe, et une fois Wildwind à terre elle monta en haut de la dune pour voir de l autre côté ce qui avait pu l effrayer.
Juste une chèvre au pied d'un arbre.

Wildwind, qui avait réussi à démêler ses jambes, glapit:

« Attention! Attention! Il y a un monstre! Il va te manger!
Mais non, lui répondit Aÿnis d'un air philosophique, ce n est qu une chèvre. Au pire c est omnivore ces trucs là.
Quoi? Homme-nivore? »

Woooouuuuf!

« Mince, se dit Aÿnis, J aurais dû l'attacher. »

Wildwind courrait toujours lorsqu’il entendit un cri pathétique derrière lui :

« Mêêêh !* »

Il fit alors la chose qu’il ne fallait jamais, mais alors jamais faire : il regarda derrière lui.
Il trébucha donc sur un rocher, et finit à plat ventre dans le sable, sa tête à quelques centimètres d’un cocotier :

« Ouf ! » Soupira-t-il.



Une petite brise légère se leva sur le désert, faisant bruisser les feuilles des arbres, soulevant des nuages de poussière, ridant la surface de l’eau, emmêlant les barbes des nains qui avaient omis de se la tresser avant de sortir, faisant danser les caleçons qui séchaient sur leurs fils, et détachant une noix de coco au-dessus de la tête d’un crétin.





* NdT : « Attends moi ! »

Wildwind revint à lui en sentant quelque chose d’humide lui lécher la joue, et s’aperçut que c’était la chèvre.

Une noix de coco sur le crâne n’aurait pas pu le rendre plus idiot, elle fit donc le contraire.
Wildwind put donc réussir à conclure que puisque la chèvre ne l’avait pas déjà mangé, elle n’allait sûrement pas le manger du tout.

Il se releva, choisit une direction au hasard, et partit en courant à petites foulées, talonné par la chèvre. Ce n’était pas parce qu’il n’y avait pas de danger qu’il ne fallait pas courir.

Wildwind, toujours au petit trot, à son plus grand étonnement arriva en vue de sa ligue.
« Tiens ! Elle a migré ?? »

Il continua de courir un peu, juste par principe, et s’arrêta net devant son pire cauchemar : « Madame Väinä ! »
Elle semblait surprise de le voir :
«Tiens tu es déjà de retour ? Qu’est-ce que tu as fait d’Aÿnis ?
Pitiépitiépitiémetapezpas jelaipasvue metapezpas ! Couina-t-il.
Comment tu t’es débrouillé pour courir tout droit et revenir ici ?
Ah ? C’est pas la ligue qui s’est déplacée ?
Mêêêh *! »

Wildwind sursauta et instinctivement sauta dans les bras de Väinä. La chèvre profita du fait que la figure de Wildwind se retrouva à sa hauteur pour lui donner de grands coups de langue affectueux.





*NdT : « Bonjour tout le monde ! »

Aÿnis arriva à la ligue toute éssouflée. Elle était étonnée de voir que les pas de Wildwind retournaient à la ligue. Elle espéra qu'avec un peu de chance il n'avait pas continué plus loin.

Arrivée dans la ligue elle trouva un tableau peu commun: Wildwind était dans les bras de Väinä! Heureusement que Sedguccih n'était plus dans la ligue sinon Wildwind n'aurait pas pu trouver d'endroit dans tout le désert où se cacher.

«Ah! Te voilà! déclara Väinä qui semblait hésiter à lâcher son fardeau. J'avais peur qu'il ne t'ai paumé.
Non ça va. Mais il m'a baladé dans plus d'un bon quart du désert. »

Wildwind pris un air penaud.

« Ne te fait pas de reproches, lui dit Aÿnis.
Merci.
Je les ferais pour toi. »

Aÿnis se retourna pour aller reprendre sa préparation de médicaments qui avait été arrêtée pendant trop longtemps. Aprés quelques pas vers les cocotiers elle entendit un grand « CHPLOF! »

Son fardeau dans les bras, Väinä se dirigea vers les puits
Puisqu'il aimait le fond des puits, elle lâchat Wildwind au dessus de l'un d'eux, ça lui rafraichirait peut être l'esprit.

La chêvre suivait.
"il faudrait penser à donner à boire à la chèvre!" dit-elle au dessus du puits"....et penser à planter la fôret, le travail n'avance pas beaucoup..."
Puis, se ravisant après s'être gratté la barbe, "d'ailleurs, tu ferais mieux de l'attacher, car les chèvres mangent les jeunes arbres..."

Et elle se pencha pour vérifier que Wildwind avait la tête hors de l'eau (elle tenait à ses ligués quand-même, même à Wildwind)

Wildwind fit une brève chute et atterrit dans l’eau. S’il avait levé la tête, il aurait aperçu la figure de Väinä se découpant sur le ciel bleu, un grand sourire planqué sous la barbe.

Il lui fallut quelques secondes pour réagir, le temps que son cerveau fasse une mise à jour des derniers événements.
Lorsqu’il réagit enfin, il fit ce qu’il savait qu’il fallait faire en de pareilles circonstances : il se mit à hurler :
« Au secours ! Je me noie ! Chais pas nager ! »
Finalement, son cerveau - ou du moins la partie qui n’avait pas mis la clef sous la porte – réussit à attirer son attention sur un fait très important : il était assis dans trente centimètres d’eau…

« Hum, oui, bon…d’accord » se dit Wildwind à lui-même. « Hé, là haut ! Quelqu’un aurait une corde ? »
Il entendit le son d’une corde sifflant dans l’air, avec un bruit qu’il reconnaissait entre mille : celui que fait un grand seau en chêne bien lourd, cerclé d’anneaux en fer très épais, en chute quasi-libre dans un puit, droit sur lui…

D'un geste rapide, Väinä attrapa le corde....et stoppa la chute du seau...
Elle releva la tête...Non, elle n'avait rien fait, le seau s'était décroché tout seul...

Décidémént, ce pauvre Wildwind n'avait pas de chance
Elle se décida à l'aider à sortir du puits
Elle se pencha par dessus la margelle pour tendre le bout de corde à Wildwind
...
mais...

...elle aurait du penser à la chèvre...
celle ci, la voyant dans cette position scabreuse, baissa les cornes, et fonça vers le postérieur offert, faisant basculer Väinä la tête la première dans le puits....

Väinä atterrit aux côtés de Wildwind avec bruit. Un flot de jurons s’échappa de sous l’eau. Elle se releva et vida son casque plein d’eau :
« Rhââh ! Mon casque du Dimanche ! Il va être tout rouillé, après ! Saleté de fromage à pattes, tu va voir quand je vais sortir…»

Elle s’arrêta de jurer car Wildwind lui tapotait timidement l’épaule :
« Ah, Mme Väinä, vous tombez à pic – Väinä le regarda d’un sale œil, se demandant s’il faisait de l’humour – Mais je crois pas qu’elle s’appelle Fromage à pattes… Je crois que je vais l’appeler Blanchette... –Väinä le regarda cette fois d’un air ahuri, car elle savait que la chèvre était noire – euh… dites, vous voulez bien être sa marraine ? »
« Je serais sa marraine à une condition : qu’elle s’appelle Blanquette, même si elle ne vient pas de l’île Moux »


Wildwind et Väinä aperçurent Aÿnis qui s’était penchée au bord de la margelle : « Vous avez besoin d’aide ? Au fait, très joli ton casque, Wildwind, mais les seaux ne sont pas faits pour ça… »

Väinä atterrit aux côtés de Wildwind avec bruit. Un flot de jurons s’échappa de sous l’eau. Elle se releva et vida son casque plein d’eau :
« Rhââh ! Mon casque du Dimanche ! Il va être tout rouillé, après ! Saleté de fromage à pattes, tu va voir quand je vais sortir…»

Elle s’arrêta de jurer car Wildwind lui tapotait timidement l’épaule :
« Ah, Mme Väinä, vous tombez à pic – Väinä le regarda d’un sale œil, se demandant s’il faisait de l’humour – Mais je crois pas qu’elle s’appelle Fromage à pattes… Je crois que je vais l’appeler Blanchette... –Väinä le regarda cette fois d’un air ahuri, car elle savait que la chèvre était noire – euh… dites, vous voulez bien être sa marraine ? »
« Je serais sa marraine à une condition : qu’elle s’appelle Blanquette, même si elle ne vient pas de l’île Moux »


Wildwind et Väinä aperçurent Aÿnis qui s’était penchée au bord de la margelle : « Vous avez besoin d’aide ? Au fait, très joli ton casque, Wildwind, mais les seaux ne sont pas faits pour ça… »

D'un geste rapide, Väinä attrapa le corde....et stoppa la chute du seau...
Elle releva la tête...Non, elle n'avait rien fait, le seau s'était décroché tout seul...

Décidémént, ce pauvre Wildwind n'avait pas de chance
Elle se décida à l'aider à sortir du puits
Elle se pencha par dessus la margelle pour tendre le bout de corde à Wildwind
...
mais...

...elle aurait du penser à la chèvre...
celle ci, la voyant dans cette position scabreuse, baissa les cornes, et fonça vers le postérieur offert, faisant basculer Väinä la tête la première dans le puits....

Wildwind fit une brève chute et atterrit dans l’eau. S’il avait levé la tête, il aurait aperçu la figure de Väinä se découpant sur le ciel bleu, un grand sourire planqué sous la barbe.

Il lui fallut quelques secondes pour réagir, le temps que son cerveau fasse une mise à jour des derniers événements.
Lorsqu’il réagit enfin, il fit ce qu’il savait qu’il fallait faire en de pareilles circonstances : il se mit à hurler :
« Au secours ! Je me noie ! Chais pas nager ! »
Finalement, son cerveau - ou du moins la partie qui n’avait pas mis la clef sous la porte – réussit à attirer son attention sur un fait très important : il était assis dans trente centimètres d’eau…

« Hum, oui, bon…d’accord » se dit Wildwind à lui-même. « Hé, là haut ! Quelqu’un aurait une corde ? »
Il entendit le son d’une corde sifflant dans l’air, avec un bruit qu’il reconnaissait entre mille : celui que fait un grand seau en chêne bien lourd, cerclé d’anneaux en fer très épais, en chute quasi-libre dans un puit, droit sur lui…

Son fardeau dans les bras, Väinä se dirigea vers les puits
Puisqu'il aimait le fond des puits, elle lâchat Wildwind au dessus de l'un d'eux, ça lui rafraichirait peut être l'esprit.

La chêvre suivait.
"il faudrait penser à donner à boire à la chèvre!" dit-elle au dessus du puits"....et penser à planter la fôret, le travail n'avance pas beaucoup..."
Puis, se ravisant après s'être gratté la barbe, "d'ailleurs, tu ferais mieux de l'attacher, car les chèvres mangent les jeunes arbres..."

Et elle se pencha pour vérifier que Wildwind avait la tête hors de l'eau (elle tenait à ses ligués quand-même, même à Wildwind)

Aÿnis arriva à la ligue toute éssouflée. Elle était étonnée de voir que les pas de Wildwind retournaient à la ligue. Elle espéra qu'avec un peu de chance il n'avait pas continué plus loin.

Arrivée dans la ligue elle trouva un tableau peu commun: Wildwind était dans les bras de Väinä! Heureusement que Sedguccih n'était plus dans la ligue sinon Wildwind n'aurait pas pu trouver d'endroit dans tout le désert où se cacher.

«Ah! Te voilà! déclara Väinä qui semblait hésiter à lâcher son fardeau. J'avais peur qu'il ne t'ai paumé.
Non ça va. Mais il m'a baladé dans plus d'un bon quart du désert. »

Wildwind pris un air penaud.

« Ne te fait pas de reproches, lui dit Aÿnis.
Merci.
Je les ferais pour toi. »

Aÿnis se retourna pour aller reprendre sa préparation de médicaments qui avait été arrêtée pendant trop longtemps. Aprés quelques pas vers les cocotiers elle entendit un grand « CHPLOF! »

Wildwind, toujours au petit trot, à son plus grand étonnement arriva en vue de sa ligue.
« Tiens ! Elle a migré ?? »

Il continua de courir un peu, juste par principe, et s’arrêta net devant son pire cauchemar : « Madame Väinä ! »
Elle semblait surprise de le voir :
«Tiens tu es déjà de retour ? Qu’est-ce que tu as fait d’Aÿnis ?
Pitiépitiépitiémetapezpas jelaipasvue metapezpas ! Couina-t-il.
Comment tu t’es débrouillé pour courir tout droit et revenir ici ?
Ah ? C’est pas la ligue qui s’est déplacée ?
Mêêêh *! »

Wildwind sursauta et instinctivement sauta dans les bras de Väinä. La chèvre profita du fait que la figure de Wildwind se retrouva à sa hauteur pour lui donner de grands coups de langue affectueux.





*NdT : « Bonjour tout le monde ! »

Wildwind revint à lui en sentant quelque chose d’humide lui lécher la joue, et s’aperçut que c’était la chèvre.

Une noix de coco sur le crâne n’aurait pas pu le rendre plus idiot, elle fit donc le contraire.
Wildwind put donc réussir à conclure que puisque la chèvre ne l’avait pas déjà mangé, elle n’allait sûrement pas le manger du tout.

Il se releva, choisit une direction au hasard, et partit en courant à petites foulées, talonné par la chèvre. Ce n’était pas parce qu’il n’y avait pas de danger qu’il ne fallait pas courir.

Wildwind courrait toujours lorsqu’il entendit un cri pathétique derrière lui :

« Mêêêh !* »

Il fit alors la chose qu’il ne fallait jamais, mais alors jamais faire : il regarda derrière lui.
Il trébucha donc sur un rocher, et finit à plat ventre dans le sable, sa tête à quelques centimètres d’un cocotier :

« Ouf ! » Soupira-t-il.



Une petite brise légère se leva sur le désert, faisant bruisser les feuilles des arbres, soulevant des nuages de poussière, ridant la surface de l’eau, emmêlant les barbes des nains qui avaient omis de se la tresser avant de sortir, faisant danser les caleçons qui séchaient sur leurs fils, et détachant une noix de coco au-dessus de la tête d’un crétin.





* NdT : « Attends moi ! »

« Bon, d’accord » se dit Wildwind, « j’admet que je suis peut-être perdu. Qu’est-ce qu’il faut faire, déjà, quand on est perdu ? »

Effort intense de réflexion.

« Mousse. Y’a une histoire avec de la mousse. » Wildwind jeta un regard autour de lui : « Y’a pas de lavandières. Ça doit pas être cette mousse-là. »

Re-effort intense de réflexion.

« Arbres. Oui, ça a un rapport avec les arbres. Ah, ça y est ! Faut regarder de quel côté du tronc pousse la mousse… »

Wildwind jeta un autre regard autour de lui : « bon, d’abord trouver un arbre. »

Et re-effort intense. Trois neurones grillent, quatre décident de laisser tomber, et deux partent en vacances.

« Cailloux. Y’a une autre histoire avec des cailloux. Je crois qu’il faut les mettre sur le chemin. Mais de toutes façons y’a pas de cailloux. Est-ce que ça marcherait avec du sable ? Faudrait plutôt trouver un chemin d’abord. »
Il fit un rapide examen des derniers neurones qui lui restaient. Ceux-ci lui dirent : « On est à court d’idées. Fais ce que tu veux. »

Cette dernière réflexion fut interrompue par l’arrivée d’un apprenti tout essoufflé :
« Excusez moi, je cherche une chèvre. Est-ce que vous l’auriez vue ?
EuhÂ…non. DitesÂ…je suis perdu. Est-ce quÂ’il y a un arbre dans le coin ?
Been… Je crois qu’il y en a un par là-bas. » répondit l’apprenti en se demandant si ce type n’était pas resté trop longtemps au soleil.

Wildwind se dirigea d’un pas décidé dans la direction indiquée par l’apprenti.

Il y avait bien un arbre.
Il sÂ’en rapprocha et se pencha en avant pour voir sÂ’il y avait de la mousse.
Soudain, une tête horrible apparut de derrière le tronc : elle avait de grands yeux jaunes injectés de sang, une grande barbe taillée en bouc, et, pire que tout : des cornes !

Wildwind décida de ne pas rester pour connaître les habitudes alimentaires du monstre.

Wooouuufff !

Aÿnis vit quelque chose de flou foncer sur elle. Comme à son habitude elle tendit négligemment la jambe, et une fois Wildwind à terre elle monta en haut de la dune pour voir de l autre côté ce qui avait pu l effrayer.
Juste une chèvre au pied d'un arbre.

Wildwind, qui avait réussi à démêler ses jambes, glapit:

« Attention! Attention! Il y a un monstre! Il va te manger!
Mais non, lui répondit Aÿnis d'un air philosophique, ce n est qu une chèvre. Au pire c est omnivore ces trucs là.
Quoi? Homme-nivore? »

Woooouuuuf!

« Mince, se dit Aÿnis, J aurais dû l'attacher. »

Depuis l'arrivée de Wildwind, il se passait des choses bien étranges aux Dunes d'Argent, surtout du côté des puits...
Au début, elle n'avait pas fait très attention à ce gamin maigrelet et peureux.
Mais elle était intriguée, car il passait beaucoup de temps au fond des puits, se promenait avec un marteau et des clous et occupait beaucoup le médecin qui passait la plupart de son temps a lui faire des bandages
Pourtant, c'était un bon sourcier et il faisait preuve de persévérance et de bonne volonté

C'est donc amusée qu'elle le vit partir droit devant lui comme un boulet de canon (elle connaissait sa phobie des vaches)
Et, bien évidemment, Aÿnis partit à sa suite....

Quand reviendraient-ils?...Seul Jhaampe le savait...

Elle se pencha quand-même pour vérifier ce qu'il pouvait bien y avoir au fond de ce puits...

Aÿnis essayait de suivre la trace de Wildwind, tâche difficile car Wildwind allait tellement vite q il ne prenait pas le temps de laisser des empreintes sur le sol.

Elle aperçut un apprenti, s approcha et lui demanda :

« Avez-vous vu passer quelqu un qui courrait ?
Un humain ?
Le terme est un peu abusif, mais en gros vous avez raison.
J ai bien vu passer quelque chose mais c était flou.
C est ça, c est lui. C est bien la description qu on fait de lui d'habitude. Vous pouvez m indiquer la direction qu il a prise ? »

Il lui indiqua la direction d un geste, et Aÿnis partie à la suite de sa peu glorieuse quête.

Wildwind bondit tel un kangourou sur des braises, et avant même de reprendre contact avec le sol, ses pieds moulinaient déjà dans le vide.

Sa technique face au danger était la suivante : d’abord une ruée folle en avant pour se mettre hors de danger immédiat, puis de bonnes foulées régulières pour s’en éloigner le plus possible.

Wildwind aperçut sur sa trajectoire la rivière qui entourait la ligue. Il n’allait pas s’arrêter pour si peu. Un Wildwind en fuite bénéficie des mêmes talents qu’un messie. L’eau se rida à peine sous ses pieds alors qu’il courrait sans ralentir.

Au bout d’un certain temps, Wildwind prit enfin conscience que le paysage autour de lui avait considérablement changé. Il essaya de ralentir, mais vu que sa technique de fuite se fondait sur le postulat que s’arrêter était la dernière chose à faire, il se fit un croche-patte, et le sol vint durement à sa rencontre.

Wildwind se releva et s’épousseta. C’était contre ses principes, mais il était peut être temps de commencer à réfléchir.

Il regarda autour de lui. Il n’était pas perdu. Il savait qu’il était « là ». C’était juste que partout ailleurs semblait provisoirement égaré…