Hate story

Nadir
HRP : Sous la menace d'une personne qui m'a interdit de la nommer, je me vois contraint de poster ici une histoire déja postée dans le forum de ligue de Dun Liath.
Veuillez m'en excuser.




Le soleil cognait en ce début d’après-midi, et pas une brise de vent ne venait rafraîchir l’atmosphère. C’était un temps idéal pour traîner à l’ombre et faire la sieste dans les maisons, voire siroter une bière bien fraîche dans la taverne de la ligue.
Mais contrairement à ce à quoi on pouvait s’attendre, très peu de ligués s’adonnaient à ce passe-temps. La dernière enceinte n’était pas terminée, et tous s’affairaient à pallier ce problème, malgré le soleil de plomb.

Nadir soulevait des pierres et les ajustaient sur le mur, avec des gestes lents et économes, priant pour que l’orage éclate et libère enfin de la pluie bienfaitrice.
La chaleur l’avait contraint à abandonner sa cape, mais il refusait catégoriquement d’enlever quoi que ce soit d’autre.
La sueur lui dégoulinait le long du nez et dans les yeux, et c’est pourquoi il travaillait les yeux presque fermés.
« Bouh ! »
Nadir sursauta, et portant instinctivement sa main droite à son fourreau vide, il se retourna pour se trouver face à la Folle.
« Tu sais que t’es mignon quand tu transpires ? »
Nadir détailla Aegyne en rougissant : c’était effrayant de penser qu’un tisserand avait réussi à faire un vêtement avec si peu de tissu, et autant de couleurs sur si peu de fibres.
« C’est quoi ton petit nom ?
– Nadir. » Il espérait que cette réponse lui suffirait, et qu’elle irait embêter quelqu’un d’autre ; mais elle semblait vouloir s’acharner sur lui.
« Allons, tu dois bien avoir un prénom ? »
Silence.
« Tes parents n’ont quand même pas oublié de t’en donner un, si ? »
Silence. Regard noir.
« Et c’est pas la peine de prendre cet air offusqué, avec moi ça marche pas »
Merde. Regard décontenancé. Mais qu’elle se barre, bons dieux, mais qu’elle se barre !
Le sort semblait s’acharner sur lui. Elle restait plantée là, s’éventant avec une missive destinée à Gabriel, qu’elle avait ouverte parce qu’il y avait écrit « défense d’ouvrir » bien en vue dessus.
« Aaah, ça fait du bien un peu d’air par cette chaleur. Je me demande comment tu fais pour supporter une température pareille… Tu sais, tu devrais t’habiller de blanc : tu aurais moins chaud, et je t’ai déjà dit que ça attire les filles »

Pas un seul des traits de Nadir ne se crispa. Par contre, ses mains se serrèrent convulsivement autour d’une pierre en faisant mine de lui tordre le cou.
Tant pis pour les constructions… Se planquer dans la forêt, tiens, pour bûcheronner, ça s’était une idée…

« Les prêtres d’ici sont vraiment des incapables, dit Aegyne en passant du coq à l’âne, ils pourraient au moins nous virer ces nuages, quand même. Je veux bronzer, moi. »

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Aegyne
Aegyne, comme à son habitude, monopolisait tous les piafs de la ligue pour envoyer des missives à sa famille, loin des terres d’Adept. C’est limite si elle ne tuait pas les pauvres bêtes à la tâche, car ils croulaient sous des pages et des pages de romans à l’écriture serrée. Elle avait même réussi à convaincre certains des martinets de Anirén de porter certains de ses messages.

La famille d Aegyne n était pas grande mais ce n était pas parce qu elle vivait loin d eux qu elle allait les oublier. Et puis il y avait tant de chose à leur raconter, ce n était vraiment pas une ligue triste...

« Tu n’écris pas à ta famille ? demanda Aegyne à Nadir qui la regardait (et qui souriait intérieurement à l’idée des pauvres parents de la jeune femme qui recevaient toutes ces lettres pitoyables)
– Famille ?
–Oui, ta famille. Tu sais, ceux qui ont oublié de te donner un nom… » répondit-elle innocemment.


J ai du tempérament : ce foutu caractère qui fait dire à mon père que je suis son cheveu blanc

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Nadir
Elle m’énerve, elle m’énerve. Mais pourquoi moi ?

« Ils sont morts, finit par répondre Nadir, de son ton froid habituel et qui paraissait curieusement indifférent.
–Oh, je suis désolée… Tu n’as pas d’autres proches à qui écrire ?
–J’avais une cousine…
–Ah !
–…qui est morte peu avant mon départ.
–Oh, navrée. Il ne te reste personne alors ?
–Si, un oncle. Mais il mourra. »

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Aegyne
Aegyne s’attendait presque à entendre des éclairs et un rire de cinglé sur cette dernière tirade. Pourtant, le jeune homme en face d’elle n’avait pas bronché, et n’avait même pas les traits tendus ou distordus par la colère. Mais Aegyne avait plus de bon sens qu’on ne pouvait croire, et elle se dit qu’il ne vaudrait mieux pas se trouver entre Nadir et son oncle énigmatique le jour de leur prochaine rencontre.

Elle était bien décidée, cependant, à lui tirer les vers du nez. Qui le ferait, sinon ?


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Aegyne
edit : bug désolé édité au tour 2278 par Aegyne

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Nadir
Quelques temps plus tard, la Chieuse repassait à l’offensive. Elle entra sous le couvert des arbres, aperçut sa proie et s’en approcha d’un air innocent.

« Tiens, Nadir ! Quel heureux hasard ! »

TÂ’en ficherai moi du hasard. Je parie quÂ’elle va encore me poser une question idiote.

« Dis, puisque tu ne veux pas me parler de toi, peux-tu me parler de ta cousine par exemple ? »

Je le savais ! Quelle plaie cette fille ! … Que faire pour m’en débarrasser ? … Bon, je vais tenter un truc…

« Ecoutes, Aegyne. Puisque tu veux une histoire, je vais t’en raconter une. Mais ensuite, tu me fiche la paix, d’accord ??
– Vas-y alors, je suis toute ouïe.
– Bon. C’est l’histoire d’un gars qui est constamment enquiquiné par une chipie…
– Oh, Nadir, allez ! » fit mine de se renfrogner Aegyne. Incroyable, se disait-elle, ce gars s’essaye à l’humour…

Nadir soupira. Eh voilà, il était obligé de jouer les nounous, comme si cette folle n’avait pas passé l’âge des histoires ! Enfin, si elle allait lui fiche la paix après, ça valait bien la peine d’essayer…

Il finit par lui raconter une histoire, une histoire qui se passait dans un petit pays très loin de là, perdu dans les montagnes. Un petit royaume qui n’avait plus de roi, mais dont les descendants du dernier vivaient planqués dans un château juché sur un pic dans le sud du pays.
C’était l’histoire d’un gamin qui avait perdu ses parents à cinq ans, et qui refusait de croire qu’ils étaient morts dans un accident dans lequel entraient en compte une avalanche et un éléphant monté sur des skis. Curieusement, c’est la seule version de l’accident que le gamin put obtenir. Même les paysans du coin lui sortaient la même histoire, tout en jetant des regards nerveux derrière eux.
C’était aussi l’histoire d’un gamin orphelin qui avait hérité d’un grand château et de rares terres presque pas verticales, dont l’oncle était rentré au pays pour s’en occuper.
C’était l’histoire d’un enfant qui n’avait pour seule compagnie que sa cousine, la fille unique de cet oncle méconnu…

Aegyne ne l’interrompit qu’une fois, pour lui demander quel était le nom de la cousine.
« Sénith » avait-il répondu, avant de se murer dans le silence.
Elle dut limite le houspiller pour qu’il continue son histoire. Mais curieusement, il ne se faisait pas trop prier. Cela semblait même le soulager. Dieux, se dit Aegyne, il est peut-être humain, après tout.

L’histoire était aussi celle de deux enfants inséparables qui passaient tout leur temps ensemble, au grand dam de l’oncle qui trouvait malsain de voir sa fille jouer à des jeux de garçon et son neveu à des jeux de filles, quoique le neveu…

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Nadir
Certains passages de cette histoire étaient fort étranges. Celui qui frappa le plus Aegyne fut la première fois que le petit garçon vit le Père Noël…


C’était par une nuit de nouvelle Lune, en plein mois d’Août. L’enfant, qui n’arrivait pas à dormir cette nuit là, vit une ombre entrer par sa fenêtre. Qui pouvait-elle être, cette ombre, à part le Père Noël ? Peut-être commençait-il ses tournées en été pour avoir le temps de donner tous ses cadeaux avant la Noël.

Hélas, personne n’avait jugé utile de dire au garçonnet que le père noël était habillé de rouge et non de noir, et qu’il ne se promenait jamais avec une dague dont la lame était noircie à la suie. L’enfant trouvait ça comique, et faisant semblant de dormir, il attendit que l’homme soit suffisamment près de lui pour le surprendre.
Le hasard est parfois retord : l’homme fut tellement surpris lorsque le gamin se redressa d’un coup dans son lit qu’il en lâcha sa dague, qui alla frapper contre le plancher, et dont le pommeau se coinça dans un trou entre deux planches. L’assassin – ben oui, vous ne croyez quand même pas qu’il s’agissait du Père Noël ! – désespéré, essaya de la rattraper avec précipitation, et ne fit qu’empirer la situation, car dans le feu de l’action il trébucha sur un nounours en peluche, et s’empala sur sa propre dague…

Ce fut une domestique, le lendemain, qui expliqua à l’enfant que non, il n’avait pas tué le Père Noël, mais un assassin qui voulait le tuer, lui.
« Pourquoi voulait-il ma mort ? demanda l’enfant qui tentait vainement de dissimuler ses émotions comme on lui avait apprit.
–Parce que vous êtes la seule personne qui empêche votre oncle d’hériter de l’épée et du trône, monsieur, répondit la vieille femme qui semblait être bien plus courageuse que la plupart des domestiques. Mais vous devez garder ça pour vous, car il faut éviter à tout prix les scandales. Le pays a suffisamment d’ennuis comme ça, entre les invasions de loups et de types louches en robe safran, sans compter les émeutes de paysans et les épidémies d’engelures. »

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Aegyne
Nadir s arrêta comme perdu dans ses pensées. Aegyne compta dans sa tête et arrivée à 10 elle enchaina :
"Moi j adorais Noël, surtout quand mamy buvait trop et dansait sur la table. D ailleurs c est le jour de Noël que j ai embrassé mon premier petit copain, il te ressemblait beaucoup d ailleurs, mais peut être un petit peu plus mignon.
Personne ne t oblige à sortir avec moi.
Non, mais au moins j ai prouvé que tu peux continuer à parler, et rien ne t empêche de me raconter la suite de ton histoire."

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Nadir
Nadir poussa un soupir… Pourquoi Aegyne n’avait jamais rien d’autre à faire que de l’enquiquiner ? Et surtout, question importante, pourquoi lui ?

Enfin, autant continuer cette histoire, elle me fichera peut-être la paix… N’empêche qu’elle me revaudra ça…

Et le jeune homme reprit son récit…


Il y avait dans son histoire une autre personne qui lui était chère. La vieille domestique, qui travaillait pour sa famille depuis plus de quarante ans, et qui aux yeux de l’enfant, remplaçait un peu sa mère, lorsqu’il allait la voir quand toute la maisonnée était couchée. Elle lui racontait alors des histoires fantastiques, tellement différentes que les récits historiques de ses ancêtres que lui racontaient ses précepteurs, des histoires où régnaient les dragons, les déserts impitoyables, les maisons dans les prairies, et les prêtres en robe bleue qui se faisaient attaquer par des chèvres…

Ces quelques heures quotidiennes de bonheur lui permirent de supporter le choc moral que produit de nombreuses tentatives d’assassinat sur un petit garçon impressionnable. Heureusement, ces tentatives se firent plus rares au cours du temps, sans doute à cause de leur inutilité. Et la vieille domestique, du nom de Brunehilde, n’était pas pour rien dans tous ces capotages.

Ainsi, par exemple, un soir où son oncle et sa cousine étaient allés rendre visite à des relations, et alors que le gamin s’apprêtait à dîner, la vieille domestique lui chuchota à l’oreille : « Monsieur ne devrait pas manger de cet agneau à la sauce aux amandes, s’il veut mon avis.
– Et pourquoi cela ? répondit-il, cachant son étonnement.
– Parce que le cuisinier à jugé bon de remplacer les amandes par de l’arsenic ; sans doute trouvait-il que les deux avaient le même goût et que monsieur ne verrait pas de différence, du moins pas sur le moment… »

Ce fut quand même étonnant que cet enfant ne soit pas devenu paranoïaque, mais sans doute le fait de savoir qu’il avait un ange gardien l’en prévint…


Et l’histoire se continuait sur ces notes sombres, entre le pays qui souffrait, l’oncle détestable, et les nombreux assassins, entrecoupés de passages heureusement bien plus joyeux, comme ceux que le gamin passait avec sa cousine qu’il aimait tant...

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