Grosse déprime

Wildwind
Le soleil se levait sur le désert d’adept, comme presque tous les matins, en fait.

Les vampires partaient se coucher, les humains se levaient, et les nains continuaient de picoler.

C’était un matin ordinaire, enfin, pas si ordinaire que ça : Wildwind n’était pas dans son puit, mais à côté. Il écrivait. Ou du moins il essayait d’écrire. En fait il était en train de se battre avec l’encrier qui ne voulait pas s’ouvrir.

L’encrier finit par céder, et s’ouvrit. Puis se referma tout de suite sur le doigt de Wildwind :
« Aaargh ! » fit-il en secouant sa main dans tous les sens.

L’encrier libéra son emprise du doigt de Wildwind et s’enfuit dans le puit (suite à cet incident, l’eau fut colorée pendant quelques semaines, mais personne ne vit la différence).

Après avoir réussi à trouver un autre encrier, Wildwind put enfin commencer à aligner des lettres mal assurées sur le parchemin. Non pas parce qu’il ne savait pas écrire, mais parce que le parchemin voulait à tout prix s’envoler.

Ce dernier prit finalement son envol, profitant du fait que Wildwind se débattait avec l’autre encrier qui s’était vidé dans sa chaussure.

Aÿnis, qui passait par là, attrapa le parchemin, et y jeta un coup d’œil. Malgré les pâtés et les ratures, voici ce qu’elle lut :

Mon testament
Moi, Wilfried Ysengrin Goderic Fiacre Hippolyte Wildwind, suite aux événements passés et à venir, j’ai décidé de rédiger mon testament.
Je lègue mon seau à Aÿnis, pour qu’elle puisse chercher des plantes liquides.
Je lègue mon puit à Nitnelav, bien qu’il soit un peu trop gros pour se cacher dedans, mais il est le seul à pouvoir dégager les corps des apprentis qui y sont tombés.
Je lègue ma chèvre Blanquette à sa marraine Väinä, qui en prendra sûrement bien soin.
Je lègue mon lapin à Tréjiah, pour lui tenir compagnie au fond de sa grotte.


Aÿnis, les yeux exorbités, alla voir Wildwind, qui vidait sa chaussure dans le puit.
Elle lui rendit son parchemin, et lui dit :
« Allons, allons. Qu’est-ce qui se passe ?
Snif. C’est mon père. Snif. Il est mort, snif.
Toutes mes condoléances. Que lui est-il arrivé ?
Il…snif…il est devenu grand-mère. »

Aÿnis lui tendit un mouchoir : « Ne me le rend pas, dit-elle. Ne t’en fais pas, je vais t’inventer un remède contre la déprime ».
Je fuis donc je suis, ou plutôt je fuis donc je serai encore