RE: D'Alphératz, de Nalia et du Capitaine Renart
Renart
La réponse des Seigneurs nordiques avait été immédiatement favorable à la requête du brigand
ils avaient même promis plus encore quon ne leur avait demandé !
Cest ça qui éveilla la suspicion de Renart.
Une suspicion qui, mêlée à lalcool la nuit suivante lors de la cérémonie de prières pour le rappel de lâme dAlphératz, le conduit à chausser ses bottes, et à se couvrir de son chapeau et de sa cape noire arborant le crâne goguenard.
Ainsi majestueusement paré, et équipé dune bouteille de rhum, à peine, dont il partagea le contenu avec son cheval, il sélança vers linconnu des dunes, refusant la compagnie des Bastringues qui sétaient proposés en nombre pour le soutenir, au sens propre.
Il alla vers le nord où il comptait, en bon Capitaine, réclamer le dû de son équipage.
Cest alors quil aperçut, dans une marre de sang où se reflétait la lune, quatre corps étendus, inertes sous les étoiles
Renart déposa son cheval quil avait relayé le temps de quelques kilomètres et sapprocha de ceux quil présumait morts
quand deux dans dentre eux se mirent à bouger tout à coup ! Comme si, poussés par la haine au-delà du trépas, ils cherchaient à achever leurs ennemis : deux jeunes femmes, deux jumelles
incroyablement belles, soit-dit en passant, ce qui sans doute fit pencher le bras de Renart en leur faveur, lequel sabattit avec brutalité sur le crâne dun des deux gaillards, qui chancela immédiatement à linstar de son compagnon, probablement son frère à en croire leur étonnante ressemblance, et même son frère jumeau.
Renart sassit dans le sable histoire de souffler un coup.
Quand il vit que son cheval lui aussi avait un frère jumeau quil ne se souvenait pas avoir porté jusque là, il mit la main au ceinturon et dégaina un magnifique « Antécuitass », un cigare de renom particulièrement apprécié des marins et des piliers de bar pour ses vertus bien particulières.
Deux bouffées et le Bastringue se retrouvait frais comme un gardon !
Il examina en détail la fille qui gisait à ses pieds : il ny en avait quune, bien sûr, sa vue avait fini de le tromper.
La première chose que Renart remarqua ce fut la courbe de ses seins.
La seconde, cest que la jeune fille ressemblait étrangement à la description que Droatobut lui avait fait de la Princesse Nalia, meurtrière dAlphératz.
Renart regarda à son poignée la prodigieuse invention de Juune qui était ceinte : une montre-boussole solo-zodiaco-lunaire.
Oui : il se trouvait là où la princesse avait été repérée pour la dernière fois !
Cétait donc bien elle, couchée au milieu de nulle part, à la merci du moindre prédateur.
Pourquoi avait-elle tué le vieillard ? Etait-ce une rumeur ? Malgré toute la sympathie que le pirate avait éprouvé pour le vagabond au cours de leur correspondance, il ne se ferait pas juge dune aussi jolie jeune femme sans en savoir davantage que les rumeurs colportées par un perroquet mythomane.
Renart souleva délicatement Naliadans ses bras et siffla son cheval à qui il planta son cigare dans les naseaux pour le dégriser.
Puis, toujours tenant la princesse dans les bras, il sen revint au trot vers Bastringage, voir ce que les rebouteux de léquipage pourraient lui administrer comme soins
ou comme fessée, selon quelle était une meurtrière ou une innocente victime.
Une chose était sûre en tous cas : lenlèvement de la Princesse, qui était aussi son sauvetage, ne pourrait quencourager les Nordiques à préparer la fête !
édité au tour 1937 par Renart