Contes du Désert (je récidive)

Nadir
Tout le monde sait que la chandeleur tire ses origines du mot « chandelle ».
Sauf Aegyne, qui quant à elle pense que chandeleur vient de « champ de fleurs », allez savoir pourquoi. Pour l’heure, elle s’apprêtait à faire des crêpes, afin de fêter l’équivalent adeptien de notre chandeleur à nous.

La chandeleur serait une fête où l’on allume des bougies pour faire venir le printemps, et où l’on mange des crêpes, been, parce qu’il faut bien en manger un jour.

En fait, tout le monde se trompe. Oui, même Aegyne.
La chandeleur remonte à l’aube des temps, à l’époque où les hommes (et les elfes, et les nains, …) n’étaient pas maîtres de leur monde, une époque où vos pires cauchemars pouvaient vous faire coucou au détour d’un carrefour…
« chandeleur » a pour origine « chant de leurres » car ces étranges créatures, qui se repaissaient des peurs des hommes (et des elfes, et des nains, …) profitaient de leur sommeil, vers la fin de l’hiver (période où les hommes (et les el- oh, j’en ai marre) sont les plus abattus et où les nuits sont encore longues) pour susurrer leurs paroles perfides et puissantes au creux de l’oreille de leurs victimes…
Les hommes (nan ! j’en ai marre !) avaient besoin d’un héros.

Or il advint qu’un jour, Nambul, fils de Nifer, se leva avec une idée de génie (enfin, ils ne s’étaient pas couchés ensemble, mais bon, vous comprenez quand même, ça ne sert à rien que je fasse des parenthèses avec des commentaires débiles). Il avait LA solution pour se débarrasser de leurs ennemis.

Il allait les tuer avec l’aide de crêpes.

Pas folichon comme idée, vous diriez ? Hem, en fait Nambul vainquit le roi/la reine/euh, la créature en chef, en s’introduisant dans son fief déguisé en cuisiner (on peut être la plus affreuse créature de l’univers et quand même apprécier la bonne chère. Question substance, la peur des hommes en manque un peu). Il fit semblant de faire des crêpes (en fait il en fit vraiment, mais il les boulotta toutes, ce goinfre), s’approcha en douce de la créature immonde en chef qui ne se méfiait pas – et pour cause, elle n’avait pas l’habitude de voir des gens non terrorisés – et lui envoya un grand coup de poêle à frire entre les deux yeux. Et elle était encore pleine d’huile cette poêle, ce qui ruina le costard de la créature maléfique par-dessus le marché.
Nambul n’eut plus qu’à dépecer (et autres détails gores que l’on trouve dans tous les contes) l’immonde Chose pendant qu’elle était inconsciente, et tous les sujets de cette dernière, affolés, s’enfuirent pour ne presque plus revenir (juste dans les cauchemars des mioches, histoire de garder la main pour une invasion future, hin, hin, hin…). Et voilà pourquoi les crêpes sont devenues le symbole de cette fête.

Bon, d’accord, ce vaillant héros a fini par allumer une chandelle. Mais ce n’est que le hasard.

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RE: Contes du Désert (je récidive)

Nadir
Aegyne et Nadir faisaient des crêpes. Disons plutôt que Nadir les faisait, et qu’Aegyne le houspillait, assise à la table de sa cuisine, et sifflait la bière qui aurait dû aller dans la pâte à crêpes.
« Bon, et maintenant que dois-je faire ? demanda l’apprenti cuisinier qui n’avait jamais eu à faire la cuisine avant de croiser le chemin d’Aegyne (et d’y être traîné sans que compte son avis).
– Tu prends une patate et tu la coupes en deux.
– Quoi ? Tu mets des tubercules dans les crêpes, toi ? J’en ai déjà vues à l’arsenic ou au cyanure, mais pas à la pomme de terre.
– Nan, elle servira juste à étaler l’huile dans la poêle, c’est tout. »

Aegyne finit par se lever, se planta au pas de sa porte, et cria à pleins poumons à la cantonade qu’elle voulait du sucre, du miel, de la confiture, d’une substance étrange et inconnue nommée Nutella, et que vous avez intérêt à vous dépêcher bande de flemmards, sinon vous aurez pas de crêpes, et Gaby descend de cet arbre t’as rien à y faire !

Le moment fatidique était arrivé. Celui que tous les gens ayant fait des crêpes au moins une fois dans leur vie apprennent à redouter : le lancer.
Nadir soupesa pensivement la poêle (de la main droite, car Aegyne avait tenu à ce qu’il tienne une pièce – qu’il avait dû fournir – dans la main gauche). Il avait bien envie d’envoyer la crêpe dans les cheveux roses d’Aegyne, mais songeait que ses tympans ne feraient pas long feu s’il obéissait à son envie. Il lança la crêpe sans réfléchir, et cette dernière, dans un vol majestueux – enfin, aussi majestueux que puisse l’être le vol d’une crêpe – entama une courbe ascendante vers le plafond. Le type qui l’avait lancée lui avait paru indécis. La pauvre crêpe ne comprit pas si elle devait retomber dans la poêle ou sur la masse rose là bas (je vous rappelle que les crêpes ne sont pas réputées pour leur bonne vue). Elle opta pour l’intermédiaire, et atterrit en haut d’une armoire.
« Dis moi Nadir », commença Aegyne qui venait de se retourner, tandis qu’on entendait au loin des habitants affolés de Dun Liath qui galopaient partout à la recherche de chocolat à tartiner, « as-tu fait exprès de lancer cette crêpe en haut de l’armoire en sachant que ça porte bonheur, ou alors c’est du pur hasard ?
– Oui ? Oui, bien sûr que je l’ai fait exprès, haha, tu penses bien… » Il avait décidément une envie grandissante de l’étrangler.

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