Chair pendante et claques fantômatiques

Le Corruptueur fit venir la Colère à lui. Sa chair non encore unie pendait ça et là aux mouvements de son corps, et l'on eut dit que chaque partie de son anatomie possédait une vie propre. Depuis quelques temps, la Servitude faisait des allers-retours entre la mine de fer et Helldorado, et les rares recrues étaient des plus muettes. Le Royaume des Ronces allaient enfin se mettre en branle, et c'est ce que signifia le Despote à son fantôme rageur.

"Nous partons trouver la prochaîne victime de l'Arbre! Prépare-toi, et rejoind-moi à Tripoasis!"

L'endroit était désert, les quelques rares zombies qui s'amusaient encore sur la plage du Jeu étaient les habitués de longue date, et bientôt leur bourse tomberaient vides d'avoir trop jouer. Mais qu'importe, une économie ne prospère-t-elle pas aux dépends d'une partie de ses composants?

Helldorado ne se souciait guère de ces concepts humanistes, et le Corruptueur patienta en jaugeant la scène que la Colère le rejoigne.

(Déêèdicâàce à Andu, il saura pourquoi!)

Le regard de La Colère s'embrasa quand il entendit les nouvelles du Corrupteur. Enfin il allait pouvoir commencer à étancher sa soif de vengeance, il pourrait couper les têtes à tout va sans se soucier des conséquences.

La Colère se mit en marche et rejoint Le Corrupteur à Tripoasis peu après son arrivée. Il pu également observer les différents zombis s'adonner à des activités triviales, activités peu communes à des morts vivants en temps normal.

Il se positionna à côté du Corrupteur puis dit : "Me voilà mon seigneur, quels sont les ordres de l'Arbre??"

"Tu les connaitras en temps utiles, pour l'instant, avançons dans le désert!"

Les deux Helldoradiens entamèrent leur route...

... qu'ils trouvèrent amère, sans goût et dépourvue de tout incident majeur. Un loup passa sur le cours de leur voyage mais la faim le tirayait et il eût tôt fait de trouver un animal à son appétit, ce qui le détourna de notre rencontre.

Les deux empruntèrent le chemin de sable qui les mena à la petite mer intérieure qui sépare encore le Royaume des Ronces du reste du désert. Leur avancée était pénible de tranquilité, mais le but de l'Arbre était inextricablement enfoui dans le crâne du Corruptueur, lui laissant un sourire stoïc aux lèvres.

"La Colère, tu vois cette dune un peu plus haute que les autres?"

"Oui."

"Fais-en ta tour de garde, et préviens moi si un intrus s'approche."

Le doigt du Corruptueur pointait la motte de sable qui semblait dominer les autres d'une courte tête mais de laquelle sûrement la Colère pourrait guêter alentours.

Pendant que le soldat du Royaume des Ronces prit position, son Despote avait entamé une incantation légère qui fit frémir les racines enfouies d'une tubercule bien établie dans le sol pourtant meuble. L'accélération de croissance que le Corruptueur lui fit connaître donna naissance à un cactus des plus biscornus : D'ordinaire si libre, la plante grasse sortit de manière symétrique et gigantesque face au Despote de telle sorte que le soleil martelant de ses rayons le sable n'eut aucune portée sous l'ombre du géant vert aux épines hirsutes.

Le cactus prit forme et le plan d'horreur que l'Arbre avait soufflé au Despote se mettait doucement en place.

**Les soiffards aimeront l'eau que le cactus pourra leur apporter lorsqu'ils n'ont plus d'eau dans leur gourde. Et ce liquide agrémenté de quelques gouttes de Sève sera parfait pour repérer les âmes à corrompre.** L'esprit du Despote s'embrasa... se transforma en une jungle mentale fournie et dense que l'Arbre appréciait, loin de toute idée de feu... [ndj]Je dois faire attention à ce que j'écris sinon l'Arbre sera fort fâché!! [/ndj]

Le corruptueur fit signe à son accolyte : "Rejoins moi et fais ton rapport!" édité au tour 2085 par LeCorruptueur

La Colère examinait les alentours du haut de sa dune de sable. Il n'y avait pas âme qui vive à des lieux à la ronde. Lorsqu'il s'en retourna pour le dire à son maître, le spectre eut la surprise de voir son maître faire... oui il ne rêvait pas, il faisait pousser un cactus...

La Colère voyait mal comment la pousse d'un cactus pouvait faire s'étendre le pouvoir de l'Arbre. Il pensait que son maître avait passé trop de temps au soleil, mais il était loin d'imaginer la complexité et la fourberie du plan(les nains ne sont pas connus pour leur réflexion intensive de leur vivant, alors de leur mort...)

"Il n'y a rien aux alentours maître, même pas un animal à corrompre pour la grandeur de l'Arbre." dit La Colère. Puis regardant le cactus : "En quoi faire pousser cette plante pourrait bien servir les desseins de l'Arbre, et où est l'âme que nous étions venus corrompre?"

Le spectre s'impatientait visiblement, il n'aimait pas rester en place et attendre ici et faire pousser des plantes le mettait en rogne.

"Tsk tsk!" lâcha le Corruptueur toujours dans ses pensées. "Nous devons faire naître d'autres de ces alléchantes beautés vertes, idéales pour des voyageurs assoiffés ainsi que pour la propagation de la Sève..."

Le Despote eut voulu carresser la plante grasse, mais les épines fournies l'en empêchaient. Il devinait la peau délicate du cactus sous son armure de dents et de pics fiers, il aurait tant aimé toucher du bout des doigts les fines canelures que forment la peau du jeune vert.Les yeux du Despote s'attendrirent un instant, un court instant et le spectre de la Colère passant devant ses yeux, l'objectif se rappela au tas de chair.

"Il nous faut sortir du sable une forêt de cactus! Continuons notre route! Notre périple risque de prendre un certain temps, mais l'investissement promet une pluie de retombées maléfiques!"

Le vent hurlait dans les oreilles des deux accolytes. Un vacarme rare, noyant les autres sonorités dans un vrombissement énorme. Comme si l'Arbre lui même eut fait traverser le désert par un cri venu des profondeurs de son tronc noueux.Un rafale pourtant molle souffla de continuer sans tarder à l'attention des Helldoradiens qui se mirent en route.

La même scène prit à nouveau place et pendant que la Colère guêttait, le Despote jouissait de la naissance forcée des pièges du Mal nappés de Sève de l'Arbre de la Corruption.

Après avoir su lever quelques dizaines de cactus, et l'habitude prenant le pas sur la surprise, ceux-ci sortaient de terre plus simplement et sans trop se faire prier; la Colère de sa dune perchée vit un point au loin qui attira son oeil expert.

Attendre, toujours attendre...

La Colère était repartie épier les alentours du haut de sa dune, Le Corrupteur s'occupait à faire pousser des cactus. "Chacun son truc" se disait-elle.

L'attente était de plus en plus longue, bien trop à son goût. Pourquoi ne bougeaient-ils pas plus que cela, les âmes à corrompre n'allaient pas leur tomber tout cuit dans le bec. Il fallait...

Un point à la limite de l'horizon attira son attention, il se concentra dessus pour être sur que ce ne soit pas un vautour ou une quelconque créature, mais après quelques minutes il en était sûr. C'était une personne, et elle avançait dans notre direction.

Il redescendit de la dune, tout joyeux de pouvoir bientot assouvir sa colère. Il informa son maître de l'arrivée imminente d'un invité, il n'eut l'air guère surpris, comme si cela était naturel.

Cette personne, quel quel soit, allait bientôt les rejoindre pour la plus grande gloire de l'Arbre.

"L'Arbre attire à lui ceux qui pourront le servir au mieux, la Colère! C'est en cela que tu es à nos côtés aussi, ainsi que l'Envie, la Faim et la Soif, la Tenacité, La Diaphanéïté et la Servitude. Faire se concentrer la force la plus importante pour frapper le désert de la plus limpide des puissances... Mais tu connais cela, la Colère, c'est en quelques sortes ton mode de fonctionnement aussi..." fit le Corruptueur agité.

Sans laisser le temps de la réponse, le Despote alla se mettre à l'abris d'une dune proche d'où ils pourraient observer la scène. Le temps était devenu lourd et son poids pesait sur les organismes comme sur les esprits. Le plomb de cette chaleur réjouissait le tas de chair, non pas parce que ça commençait à sentir le roussi, mais parce que l'inconnu croiserait forcément l'un des cactus, et que sa soif l'y poussera aussi. Reste à espérer que l'individu soit doté d'un tantinet de logique de survie pour penser à se servir d'un cactus comme étancheur de soif.

Une sensation de réussite fit frissoner le Despote qui la renfrogna par un soupçon de risque.

Bien à l'abris derrière la dune, la Colère et le Corruptueur virent plus distinctement une jeune femme, bien en chair, équipée de sandale large et se protégeant du soleil d'un chale blanc. Une gourde pendait à sa ceinture et le doute enfla chez le Despote : "Et si elle n'avait pas soif...? Pourtant je ne pense pas aux coïncidences, je suis que si l'Arbre nous a envoyé ici, c'est qu'une âme avait le destin de s'y trouver pour y être corrompue. Mais ne va-t-elle pas s'arrêter et trancher l'une de ces juteuses plantes grasses? Ne boira-t-elle pas la Sève?"

Son regard perplexe et anxieux croisa celui du spectre à l'allure nettement plus pugilesque. "Cache ce regard belliqueux, nous devons attendre qu'elle boive la Sève avant d'intervenir. Cela facilitera notre travail et la localisation des buveaurs d'eau de cactus. Reste tranquille, je sens ta rage monter!"

La jeune femme avançait et l'on distinguait plus nettement les traits de visage, fort beau au demeurant.

Mais l'attente fut brisée par un éclair dans cette chaluer étouffante. Une rapide, précise et nette rafale de coups de lame fit sauter la tête du cactus en lui offrant une coupe de cheveux nécessaire pour cette main fragile quoique experte car non gantée. Plus de pics sur la peau verte, le dôme juteux pouvait être pris en main. Elle pressa tel un gros citron la partie découpée au dessus de sa tête pour s'asperger le visage et la bouffe de ce breuvage salutaire.

Les deux accolytés restaient en garde. Le seconde partie du plan était de la laisser s'éloigner un peu pour vérifier si un buveur de Sève rend plus simple sa localisation et plus intense sa corruption.

La Colère n'en crût pas ses yeux, le piège du Corrupteur avait fonctionné - tout du moins la partie qui consistait à boire. La curiosité le piqua au vif, est-ce que le plan allait marcher ou non? En plus l'inconnue ne lui était pas étrangère, il avait surement du la croiser dans son ancienne vie...

Voix dans ma tete, serait-ce le soleil de la journée qui a trop tapé? Voix, tourment, soif intense. Vite, boire encore.
Liquide qui envahit mes veines.
Mon esprit lache, je ne peux plus luter...que m'arrive t il?

- Comment un homme s'assure-t-il de son pouvoir sur un autre?

- En le faisant souffrir, répondis-je

- Exactement. En le faisant souffrir. L'obéissance ne suffit pas. Comment, s'il ne souffre pas, peut-on être certain qu'il obéit, non à sa volonté, mais à la notre ?
Le pouvoir est d'infliger des souffrances et des humiliations. Le pouvoir est de déchirer l'esprit humain en morceaux que l'on rassemble ensuite sous de nouvelles formes que l'on a choisies. Commencez-vous à voir quelle sorte de monde nous créons ?
C'est exactement l'opposé des stupides anciens réformateurs. Un monde de crainte, de trahison, de tourment. Un monde d'écraseurs et d'écrasés, un monde qui, au fur et à mesure qu'il s'affinera, deviendra plus impitoyable. Le progrès dans notre monde sera le progrès vers plus de souffrance. L'ancienne civilisation prétendait être fondé sur l'amour et la justice. La notre est fondée sur la haine. Dans notre monde il n'y aura pas d'autres émotions que la crainte, la rage, le triomphe et l'humiliation. Nous détruirons tout le reste, tout.

Noir absolu, descente aux enfers. édité au tour 2120 par ChasteAeshma